Près d’une cinquantaine de contributeurs, industriels, chercheurs, professeurs, responsables de grandes administrations… experts esquissent leur vision du monde énergétique en 2050. Nonobstant la diversité des rédacteurs, un grand nombre de points de convergence apparaissent sans toutefois gommer d’autres points de divergence.
Avec la participation des membres de l’Académie des technologies : Olivier Appert, Jean-Louis Étienne, Étienne Klein, Jean-Claude Lehmann, Colette Lewiner, Bernard Tardieu, Daniel Verwaerde.
Convergences d’abord sur la difficulté du travail prospectif et l’impossibilité structurelle à prévoir les ruptures. L’augmentation de la population mondiale, son urbanisation dans des villes fréquemment situées à côté des mers et océans forgent le contexte humain et géographique commun.
La nécessité de lutter contre les émissions de CO2 est incontestée.
La demande mondiale d’énergie en 2050 est prévue stable ou en hausse par la quasi-totalité des contributeurs, face à une offre où, globalement, l’énergie ne manquera pas.
Pour tous, l’électricité s’imposera en tant qu’énergie finale, en forte croissance si ce n’est dominante. Sa distribution sera moins centralisée et organisée dans des réseaux intelligents.
Dans des proportions variées, les énergies solaire, éolienne et gazière devraient se développer. L’importance du stockage d’électricité est soulignée tout comme ses insuffisances technologiques actuelles et l’attente de progrès majeurs.
Pour finir, la nécessité d’efforts de sobriété et d’amélioration d’efficacité énergétiques est unanimement affirmée.
Au-delà de ces convergences, apparaissent des vues prospectives diverses, voire opposées. Certains rédacteurs prévoient, face à la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique, des transitions énergétiques rapides alors que d’autres soulignent le long horizon de temps des investissements énergétiques imposant des évolutions lentes. De la même manière, une taxation du CO2 plus ou moins universelle est à portée de main pour les uns et quasi inaccessible pour les autres.
La structure de la fourniture d’énergie ne fait aucun consensus. Pour les uns, en 2050, les énergies fossiles resteront largement majoritaires avec un pétrole maintenant plus ou moins son usage au niveau de production actuel et un charbon, certes « propre », continuant à être largement exploité. Pour d’autres, en 2050, les énergies renouvelables seront devenues dominantes. L’hydrogène sera pour les uns un vecteur structurant, surtout pour les transports, alors qu’il est souvent par ailleurs totalement ignoré.
Un fort développement de l’énergie nucléaire n’est pas un scénario réellement envisagé, sauf exceptions. En revanche, son maintien, voire une croissance modérée, est retenu fréquemment. La dispersion d’opinions porte en grande partie sur sa mise en œuvre : 3e génération, 4e génération, petits réacteurs ?
Si l’importance de la recherche et développement dans les domaines de l’énergie est fréquemment soulignée, certains attendent et considèrent comme acquis l’apport d’avancées substantielles, voire de ruptures, d’autres soulignent le caractère imprévisible des fruits de la recherche et la faiblesse des niveaux d’investissement.
Outre ces convergences et divergences, des approches spécifiques ont été présentées. Pour n’en citer que trois, retenons la criticité de la forte consommation de ressources minérales (par exemple le lithium) pouvant déboucher sur des impasses de disponibilité, la problématique de la consommation croissante d’énergie électrique dans un monde toujours plus numérisé et l’importance de la prise de conscience individuelle d’une responsabilité énergétique.
Pour finir, comment ne pas souligner le pessimisme général quant à l’atteinte des objectifs de la COP21.