L’Académie de l’air et de l’espace et l’Académie des technologies ont organisé en décembre 2018 un colloque sur le thème de la gestion des grands projets, au cours duquel a été présentée une vingtaine de grands projets en des domaines variés : espace et aéronautique, systèmes logiciels, énergie, infrastructures et transports. Les académies publient aujourd’hui un rapport destiné à tirer les enseignements des cas présentés lors de ce colloque.
La réalisation de ces grands projets constitue une expérience technique et humaine exaltante du fait de leur ampleur et de leur nouveauté… si les choses suivent un cours à peu près harmonieux. Une des clés du succès est la constitution d’une équipe partageant les mêmes objectifs, la même culture et la même passion. A contrario, être impliqué dans un projet à la dérive, dans lequel s’accumulent les difficultés techniques, financières et contractuelles (elles vont souvent de pair) est une expérience traumatisante, qui nécessite souvent une relève des équipes en charge. La gestion des ressources humaines dans les grands projets et la formation à leur conduite requièrent une attention toute particulière .
Spécifications claires, analyse et gestion des risques , réalisme dans les objectifs , choix judicieux du directeur de projet, création de l’esprit d’équipe, coopération étroite entre tous les acteurs, gestion des dérives de délai et de coût : l’ensemble des règles de bonne pratique présenté ci-dessus peut paraître à première vue quasiment relever du domaine de l’évidence. Et pourtant l’analyse des échecs les plus marquants de grands projets récents montre que ces échecs sont le plus souvent dus au non-respect de cer- taines de ces règles. Bien plus, il apparaît qu’une dérive initiale du projet peut conduire à une dérive plus grave encore par un enchaînement d’erreurs ultérieures semblant provenir d’un climat de fuite en avant. La conduite des grands projets est un art : la théorie en est simple mais la pratique difficile !
Ce rapport est divisé en quatre chapitres : projets industriels, projets de construction, projets à dominante logicielle, synthèse. Les trois premiers chapitres résument les présentations faites par chaque intervenant tandis que le dernier tente de mettre en lumière les leçons que l’on peut en tirer. Il peut être vu comme un ensemble de recommandations pour les projets à venir, même si chaque grand projet a des caractéristiques et des environnements particuliers qui nécessitent des adaptations. Malgré l’évolution des outils de gestion des projets, il ressort de toutes ces expériences l’importance du facteur humain dans la conduite des projets. Nos deux académies considèrent qu’en respectant au mieux les recommandations formulées dans ce rapport les chances de réussite des projets sont plus élevées et que le rapport peut être utile non seulement à ceux qui réalisent de grands projets, mais aussi à ceux qui les commandent et les financent.