La loi sur la transition énergétique d’août 2015 (LTECV) fixe l’objectif de réduire de 75% les émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 1990 avec un objectif intermédiaire de -40 % en 2030. Le Règlement sur la « répartition de l’effort »européen, qui reste à approuver par le Conseil européen fixe des objectifs analogues. Cependant l’accord de Paris issu de la COP 21 prévoit la neutralité carbone à partir de 2050. Cet engagement, ratifié par la France, est sensiblement plus sévère que les objectifs français et européens, sauf à développer des puits de carbone.
Dans un cahier d’acteur publié dans le cadre du débat public sur la programmation annuelle de l’énergie, l’Académie des technologies estime que » Le dossier du maître d’ouvrage ne donne pas d’indication sur les perspectives 2050 ni sur les stratégies permettant de parvenir à la neutralité, alors que pourtant une stratégie énergétique doit se développer dans le temps long et porter sur tous les vecteurs énergétiques. »
Elle estime que :
1. Il est fondamental de clarifier l’objectif français. En effet, en l’absence de toute solution crédible de stockage inter-saisonnier de l’électricité (les solutions Power to Gas évoquées ont un coût très élevé), l’objectif de neutralité conditionne les stratégies de long terme incluant, alternativement ou en combinaison le développement des bioénergies dont le biogaz, du vecteur gaz avec séquestration du carbone (CCS), du vecteur H2 et le maintien d’une part de nucléaire.
2. le débat public est fortement axé sur l’électricité, déjà largement décarbonée en France. Une attention insuffisante nous parait portée aux vecteurs non-électriques, qui représentent plus des 2/3 des consommations finales
3. la transition énergétique aura un coût de quelques milliers de milliards d’euros d’ici 2050, soit l’ordre de grandeur d’une année de PIB ; elle mobilisera une fraction importante de la capacité d’investissement française. Pour être supportable, et conserver la compétitivité du territoire France, il importe que les décisions soient prises avec un souci constant d’optimisation économique et de minimisation de la charge fiscale. Ces termes sont singulièrement absents du dossier du maître d’ouvrage. En l’absence de considérations économique, la transition énergétique, bien loin d’être facteur de croissance peut se révéler un frein.
L’Académie des technologies émet des recommandations pour améliorer l’efficacité énergétique et baisser la consommation d’énergies fossiles en matière de bâtiment (rénovation et construction), de transports et de développement des énergies renouvelables. Elle estime que, pour maintenir un haut niveau de sécurité d’approvisionnement, « l’objectif de neutralité carbone ne permet pas d’exclure le nucléaire, car il n’est pas identifié de solution compétitive de stockage inter-saisonnier. Dans cette perspective, la construction de réacteurs en France sera nécessaire avec une mise en service d’une première paire de réacteurs vers 2030 ».