Séance thématique du 14 juin 2023
La question de la maintenance commence à émerger comme un enjeu à la fois technique, économique, politique et moral. D’un secteur à l’autre (biens de consommation, infrastructures…), elle est gérée de façon très différente mais soulève des questions similaires, par exemple : « Comment faire durer les objets pour réduire les déchets et notre empreinte sur la planète ? », « Qui doit prendre en charge leur durabilité ? », « Comment lutter contre le modèle économique du jetable-remplaçable ? », « Comment valoriser la maintenance ? »
L’un des motifs avancés pour justifier l’obsolescence est que celle-ci serait la contrepartie de l’innovation, en sorte que lutter contre l’obsolescence reviendrait à brider l’innovation et à être l’ennemi du progrès. En réalité, les stratégies d’obsolescence programmée, qui recouvrent les produits « boîtes noires » non réparables ou encore les réseaux de réparation réservés aux constructeurs, font obstacle à une culture technique durable. De même, la multiplication des brevets, en rendant l’accès au marché toujours plus coûteux, restreint celui-ci à des acteurs déjà puissants. Ceux-ci se protègent ainsi d’innovations de rupture qui pourraient remettre en cause leur modèle économique.
Les solutions passent essentiellement par la régulation du marché et l’élargissement de la responsabilité des producteurs, plutôt que par le solutionnisme technologique ou par des outils tels que l’indice de réparabilité, faisant reposer toute la responsabilité sur le consommateur. Elles passent aussi par la formation des ingénieurs et techniciens au design durable ainsi que par une valorisation des métiers de la maintenance et du soin des choses.