Pour la majorité de nos concitoyens, le transport de fret va devoir affronter un nombre croissant de difficultés. Le prix des carburants, dont il est un grand consommateur, ira en croissant. Les externalités (ou nuisances) dont on le tient pour responsable augmenteront de leur côté. Et l’attitude de la société à son égard sera de plus en plus sévère. Si l’on veut démêler le vrai du faux dans ce tableau aux couleurs assez sombres, il faut partir du principe que « le transport de fret n’est rien, c’est le système de transport qui est tout ». Ce système de transport est un maillon de la chaîne « production – transport – distribution » qui est à la base de nos économies. Chaîne qui couvre l’ensemble de la planète, et qui est inséparable du mouvement de mondialisation. C’est le point de vue qu’a adopté l’Académie. Il ne s’applique au sens strict que pour le transport d’objets manufacturés (et beaucoup moins aux transports de vrac). Mais cette fraction du fret global représente aujourd’hui presque la moitié de l’ensemble : c’est elle qui croît de 8 % par an, alors que le reste est stable. C’est donc elle qu’il faut considérer. Une fois adopté ce point de vue, la plupart des diagnostics (ou des anticipations) que l’on avait tendance à formuler sont fortement infléchis :
- la chaîne de transport globale, de bout en bout, se révèle plus résiliente, plus adaptable aux changements qui caractérisent l’environnement et la société,
- son efficacité s’évalue à l’échelle globale, internationale, ce qui relativise beaucoup la « guerre entre les modes (rail, route, voie d’eau) » que l’on avait tendance à privilégier,
- elle donne une place très importante aux technologies de l’information, qui constituent ce que le rapport nomme une « deuxième main invisible » au service de l’économie.
L’étude prend en compte les tendances mondiales et européennes, afin d’éclairer le cas particulier de la France, et si besoin, effectue des comparaisons avec d’autres pays de l’Union européenne, afin de mieux comprendre les enjeux français.