Compte-rendu de la conférence-débat de l'Académie des technologies du 17 septembre 2024, d’Étienne Klein avec Paul Friedel
Pour les penseurs des Lumières qui ont rédigé l’Encyclopédie, la technique devait être vectrice de pédagogie scientifique. Plus nous nous frottons aux objets techniques, estimaient-ils, mieux nous connaîtrons et comprendrons les principes scientifiques qui les ont rendus possibles. Certes, il y eut sans doute une époque où tout individu cultivé pouvait comprendre le fonctionnement de tous les outils et machines qui l’entouraient, mais les Encyclopédistes n’avaient pas anticipé une autre réalité qui, au fil du temps, allait peu à peu s’imposer : plus une technologie est complexe, plus il est facile de l’utiliser sans la comprendre. La haute technologie nous éloigne ainsi peu à peu de la science, au risque de rendre sa connaissance non nécessaire. Laissant place à la magie. Qui d’entre nous, en effet, saurait dire (ou se demande) comment fonctionnent un ordinateur, un téléphone portable ou ChatGPT ? Ce qui ne nous empêche en rien de nous en servir sans consulter la moindre notice et sans nous offusquer de notre ignorance. Un phénomène qui aujourd’hui ne touche pas que les citoyens « lambda », mais également des étudiants ingénieurs, riches en connaissances mais dépassés par la technologie.
Devenue inutile en pratique, la connaissance scientifique ne risque-elle pas d’être perçue comme inutile tout court ? Plusieurs classements internationaux révèlent un décrochage de notre pays dans la maîtrise des connaissances mathématiques et scientifiques, notamment dans la population jeune. Ce qui ne manque pas d’alerter la communauté des professionnels de la technologie et des sciences, qui ont là matière à réfléchir.
Parmi les pistes à creuser pour entrer en résistance, faire entrer de la culture dans la science. Et ne plus laisser en jachère deux questions fondamentales : comment ça marche ? Et comment a-t-on su ?
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