En octobre 2021, le pôle énergie de l’Académie des technologies a lancé une étude sur la décarbonation de l’aviation, et plus particulièrement sur la production à grande échelle de carburants durables.
La part relative des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur aérien croît continûment depuis 30 ans, malgré l’amélioration significative des performances technologiques. Un nombre limité d’options s’offre au secteur aérien pour décarboner son activité. Les carburants durables pour l’aviation, désignés par l’acronyme « SAF pour Sustainable Aviation Fuel », constituent la mesure qui contribuera majoritairement à la décarbonation de l’aviation, avec une pénétration facilitée par sa compatibilité avec les infrastructures existantes.
Les dix ans à venir sont décisifs pour mettre en place une trajectoire industrielle réaliste permettant d’assurer la disponibilité effective des SAF, à l’échelle du besoin et dans la bonne cinétique. La matérialisation de cette trajectoire dès le début de la prochaine décennie sera critique pour l’atteinte des objectifs de décarbonation à l’horizon 2050, tels que pris par les acteurs du secteur aérien et bientôt imposés par la directive européenne en débat sur le sujet.
L’objectif de l’étude est dès lors d’examiner les premières étapes d’une politique énergétique et industrielle permettant dans la prochaine décennie une production de SAF à l’échelle du besoin.
La production de SAF nécessite la mobilisation d’un volume considérable de biomasse et d’électricité bas carbone. Compte tenu de la disponibilité limitée de la biomasse, les besoins croissants en SAF seront assurés par la production de kérosène de synthèse dès la première moitié de la prochaine décennie. La ressource critique devient alors l’électricité bas carbone.
Du fait de son mix électrique décarboné, la France est un des rares pays à pouvoir considérer le déploiement rapide sur son territoire d’une filière industrielle pour la production de SAF au-delà des limites imposées par la disponibilité de la biomasse. Sans requérir de discontinuité majeure dans l’évolution de son mix, la France pourra alors satisfaire ses besoins en SAF jusqu’à 2040, un accroissement important des capacités électrogènes étant nécessaire au-delà.
Les coûts de production associés, à maturité technologique, pourraient être proches de 2500 € la tonne de kérosène synthétique, soit un coût d’abattement carbone de l’ordre de 300 € la tonne de CO2.
Téléchargez le rapport : Rapport-decarbonation-secteur-aerien-production-carburants-durables-AT-Mars-2023
Téléchargez l’avis : Avis AT – decarbonation aviation Mars 2023
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