Dans son rapport L’industrie du futur : du système technique 4.0 au système social, l’Académie des technologies avait mis en lumière le retard pris par les PME industrielles dans leur adaptation à de nouvelles donnes concurrentielles, économiques et technologiques.
Selon les secteurs industriels, 20 à 40 % de ces entreprises sont fragilisées voire menacées. La solution ne peut venir que d’une mobilisation coordonnée des acteurs de leurs écosystèmes. Il faut s’intéresser simultanément aux niveaux national, régional et dans les bassins d’emploi où beaucoup se joue. Le chantier de la transformation appelle notamment :
– une maîtrise d’œuvre unique à chaque niveau,
– la réorganisation et le renforcement des centres techniques et de transferts,
– la mise en réseaux entre eux de trois types de clusters : pôles de compétitivité, grappes d’entreprises, campus des métiers.
Nous posions, au tout début de notre rapport, deux questions liminaires en filigrane de cette réflecion : Allons-nous vers une extinction massive de « l’espèce » des petites entreprises industrielles ? Faut-il numériser l’industrie présente, pour une large part héritée du xxe siècle, ou bien construire, sur d’autres bases, celle du xxie ?
À la première question, nous répondons oui, sauf si… Sauf si une forme de « mobilisation générale » est décrétée et sur tout engagée, avec une mise en cohérence des dispositifs, une mise en réseau des acteurs complémentaires et mise en ordre de l’ensemble par une maîtrise d’œuvre ou une coordination unique à chaque niveau, national, régional, local, de l’État aux bassins d’emploi, en passant par les régions.
À la seconde question, nous répondons que le nombre de PME risquant l’exclusion du jeu industriel est si important (20 à 40 % selon les secteurs) et le nombre d’emplois menacés si considérable, que nous ne pouvons pas nous retrancher derrière Schumpeter ou Darwin (par analogie) pour tourner la page sans hésiter. Nous pensons qu’il faut transformer le tissu présent pour contribuer à construire l’industrie du futur . Cela ne se fera pas sans pertes, mais elles seront d’autant plus limitées que la « mobilisation » sera générale et immédiate.
L’Académie des technologies poursuit ici le travail qu’elle a engagé sur le thème de l’industrie du futur et qu’elle entend présenter sous la forme d’un triptyque.
Le premier rapport s’intitule : Industrie du futur : du système technique 4.0 au système social. Il a été publié en 2017.
Le deuxième est celui-ci, consacré aux petites et moyennes entreprises (PME) , tant il a paru évident dans le premier rapport que le futur de notre industrie reposait sur une montée en compétences technologiques du tissu des PME industrielles de notre pays.
Ces deux premiers « tomes » s’inscrivent dans une lignée d’avis et de rapports de l’Académie qui, de près ou de loin, concernent l’industrie et /ou les PME.
Dans le présent rapport apparaissent deux thèmes importants : celui des métiers en transformation et celui des territoires en mutation. Ils renvoient notamment à la problématique des métiers en tension, d’une part et à celle des territoires en perte de vitesse, d’autre part. Ils ont des impacts considérables sur la montée en compétences des PME et sur le développement de l’industrie en général.
Ces sujets sont suffisamment lourds d’enjeux pour que l’Académie y consacre un troisième rapport, dernier volet de ce triptyque industriel, qui sera présenté en 2019.