Après la transition numérique, la transition énergétique ou écologique, s’ouvre le temps de la transition éducative : La 4e révolution industrielle appelle un programme ambitieux d’expérimentation et de recherche, notamment dans le champ des sciences cognitives appliquées aux apprentissages assistés par la technologie, souligne le dernier rapport de l’Académie des technologies « L’industrie du futur : du système technique 4.0 au système social ».
Construire l’industrie du futur est un défi majeur pour notre pays. L’industrie du futur n’est pas seulement l’avènement d’un système technique 4.0 – un ensemble de nouvelles technologies qui correspondent à une 4e révolution industrielle. C’est aussi une transformation profonde du système social et organisationnel, qui conduit à questionner notre capacité à adapter le droit du travail, l’aménagement du territoire, le management, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et la formation.
Le ministère de l’Économie a lancé en mai 2015 un plan ayant pour but de renouveler profondément notre industrie.
Sa métamorphose est portée par une puissante vague numérique, les technologies 4.0 fondatrices d’un nouveau système technique ayant ses propres logiques et cohérences.
Dans les initiatives qui furent alors prises, l’accent a été naturellement mis sur les technologies 4.0, sur leur diffusion dans le tissu économique, leur normalisation, sur l’offre de solutions technologiques orientées vers les PME.
Mais l’historien des techniques, Bertrand Gille, nous a enseigné que « l’adoption d’un système technique entraîne nécessairement l’adoption d’un système social afin que les cohérences soient maintenues ». Si le système technique était bien au cœur des préoccupations des promoteurs du plan Industrie du futur, le système social avait, quant à lui, une place marginale.
L’adoption d’un système social favorisant l’adoption du système technique 4.0, nécessaire pour le développement de l’industrie du futur, devient donc une priorité pour l’État (plusieurs ministères sont concernés) ainsi que pour les Régions.
Les entreprises doivent être reconnues comme des actrices à part entière du système de formation professionnelle
Dans la chaîne des formations qui va des fondamentaux, qui sont assez stables, jusqu’aux compétences pratiques, techniques des emplois dans l’industrie du futur, qui elles sont des compétences instables et évolutives, les entreprises sont appelées à jouer un rôle croissant. Soit parce que l’évolution est si rapide, parfois si brutale que le système de la formation professionnelle n’est pas en état de réagir à la vitesse requise. Soit parce que le territoire ou l’écosystème où se situe l’entreprise n’est pas en situation de répondre, ou de répondre seul, aux besoins exprimés.
Des entreprises, surtout de grande taille, multiplient d’ores et déjà des initiatives en formation professionnelle des jeunes et des actifs. Les exemples ne manquent pas : plateformes de partage de connaissances ou d’expériences, espaces de coworking, FabLabs ou vitrines à vocation éducative, programmes ouverts de e-learning, écoles ou filières internes de formation… Des entreprises sont devenues de réelles actrices du système de formation professionnelle. Mais il faudrait aller beaucoup plus loin qu’aujourd’hui.
C’est pourquoi l’Académie des technologies propose la création du statut d’Entreprise formatrice, avec création d’un label assorti d’une reconnaissance au plan fiscal, parce qu’il s’agit d’une mission d’intérêt général. A cet effet, l’Académie suggère la création d’un crédit d’impôt spécifique formation professionnelle qui bénéficierait aux entreprises ayant reçu le label Entreprise formatrice. Une mesure qui inciterait les entreprises à amplifier leurs initiatives.
Plan
Avant-propos
► Recommandations
► Synthèse
Chapitres
1. Panorama général introductif
2. Industrie du futur et futur du système social
3. Management et organisation des entreprises de l’industrie du futur
4. Une gestion prévisionnelle adéquate des emplois et des compétences
5. Industrie du futur et formation professionnelle tout au long de la vie
6. Industrie du futur et aménagement du territoire
Conclusion : de l’industrie du futur au futur de la société
Annexes
1. Alliance Industrie du futur : une initiative à renforcer
2. Comment se situe la France ? Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2017
Alain Cadix, Rapporteur
Alain Cadix est président de la commission Education Formation Emploi Territoires de l’Académie des technologies. Il préside l’Association Française pour le Développement de l’Enseignement Technique (AFDET). Ancien DRH de Dassault Aviation, et président d’honneur de la Conférence des Grandes Ecoles, il est conseiller scientifique au CEA.
Il est l’auteur d’articles et d’ouvrages dont : « Le management à l’épreuve des changements technologiques ; impacts sur la société et les organisations » (Éditions d’organisation, 2003).