Compte-rendu de la conférence-débat de l’Académie des technologies du 2 juillet 2024, de Caroline Laurent avec Marc Pircher
Il est loin le temps du Old space, où l’enjeu, dans le domaine spatial, était essentiellement une question de souveraineté, où 50 % du chiffre d’affaires des industriels venaient des télécommunications spatiales géostationnaires, et où l’on concevait des satellites complexes, de plus en plus gros, de plus en plus fiables, de plus en plus performants.
Le spatial aujourd’hui fait face à une grosse rupture à la fois technologique, organisationnelle, environnementale, et économique. Une véritable révolution portée par quelques entrepreneurs, notamment les GAFA due à la conjonction d’innovations technologiques et d’initiatives privées avec des acteurs clés où prédominent les Américains et les technologies de rupture (lanceurs réutilisables, miniaturisation, nouvelles méthodes…). Les applications désormais s’étendent à tous les marchés, au-delà les télécommunications et de l’observation de la Terre, notamment à l’exploration et au vol habité.
Dans ce paysage très foisonnant, Elon Musk a amené à lui seul, avec SpaceX et Starlink, une énorme disruption et introduit des modifications importantes dans l’espace lui-même, aujourd’hui habité de milliers de satellites. Se pose alors plus que jamais la question de sécurité en orbite, notamment de la partie défense. On parlait déjà de « space traffic coordination », il faudra vite envisager un « space traffic management », comme dans l’aéronautique. Se pose, en parallèle, la question des politiques publiques à mettre en place pour préserver l’industrie et l’écosystème européens et français.
Dans ce paysage en perpétuelle (r)évolution, si les États-Unis devraient conserver la suprématie,
quelques événements sont très encourageants pour l’Europe, comme le lancement d’Ariane 6, le 9 juillet,
qui nous rend l’accès autonome à l’espace.