Compte-rendu de la séance thématique du 28 juin 2023
Après un frémissement entre 2015 et 2022, non seulement la réindustrialisation de notre pays semble marquer le pas, mais on peut craindre une reprise de la désindustrialisation, à la fois en France et en Europe. Pour une véritable réindustrialisation, il faudrait, selon Pierre-André de Chalendar, que la France dispose d’une électricité décarbonée, abondante et compétitive, qu’elle allège son corpus règlementaire et normatif, qu’elle renforce l’attractivité des métiers de l’industrie et que, au-delà des aides publiques, elle mobilise l’épargne privée pour financer la décarbonation de l’industrie. Pour Louis Gallois, la France doit favoriser le développement d’une nouvelle industrie définie comme technologique, numérisée, écoresponsable et électrique. Enfin, selon Claire Tutenuit, la nouvelle industrie doit aussi être sélective, sobre, circulaire et respectueuse du vivant, sur lequel elle sera largement fondée. Les mécanismes de marché semblant insuffisants pour inciter les acteurs économiques à internaliser les contraintes de raréfaction des matières premières ou d’émissions de CO₂, le débat est ouvert sur les différents mécanismes correcteurs envisageables : l’incitation, la règlementation, la taxation ? Le rôle exemplaire que veut jouer l’Europe en matière de décarbonation ne peut se faire au détriment de la survie de son industrie, ce qui nécessite, au-delà d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, une nouvelle interprétation et application des règles du commerce extérieur européen.