Compte-rendu de la conférence-débat de l’Académie des technologies du 6 juin 2023, par Antoine Picon avec François Bertière
À la frontière entre art et technique, l’architecture a fortement été impactée par l’entrée dans l’ère du numérique. Depuis le début des années 80 qui a vu apparaître dans les écoles les premiers laboratoires d’informatique appliquée à l’architecture, tout s’est accéléré et la profession est en train de se transformer à très grande vitesse un peu partout dans le monde. D’abord en raison de l’informatisation massive de l’enseignement et de la production de l’architecture à partir du milieu des années 90, puis au milieu des années 2000, avec la montée en puissance des interrogations liées à la crise environnementale. On sait aujourd’hui que le secteur de la construction engendrerait près de 40% des émissions mondiales de dioxyde de carbone, qu’il est extrêmement coûteux, et « un changement de paradigme » est demandé aux architectes par plusieurs initiatives internationales. L’idée d’un moratoire mondial fait même son chemin dans les discussions académiques, soulevant la question du rôle de l’architecte dans un tel cadre.
Ne plus construire mais transformer ? Construire plus durablement, plus sobrement ? Viser le high-tech ou le low-tech ?… Les questions fusent en tous sens tandis que l’intelligence artificielle gagne du terrain et qu’il faudra bientôt compter des robots sur les chantiers de construction… Face à un bouleversement de fond qui suit de près celui de la société, et qui touche tous les domaines de la recherche en architecture, pas question de refermer les interrogations. Il importe plutôt de les déployer, et d’en ouvrir toutes les perspectives.