Avis de l’Académie des technologies approuvé par l’assemblée le 15 mai 2024
[Extrait]
Depuis 2020, l’Académie s’est saisie du sujet de l’augmentation du niveau marin et ses conséquences sur les risques littoraux, avec un double objectif : d’une part, faire un point sur les réponses d’ordre technologique en matière de mitigation des risques littoraux, et d’autre part, d’évaluer les efforts nécessaires en matière d’adaptation des activités économiques et industrielles qui pourraient être impactées, à court et moyen terme.
Bien avant que le changement climatique, ses causes et ses conséquences ne fassent constamment l’actualité, les populations côtières ont été de tout temps confrontées aux risques et aléas d’origine naturelle, dont le plus prégnant a toujours été le risque de submersion. La préservation des conquêtes de terres cultivables et de zones habitables dans la bande côtière a été le souci de bien des populations côtières, voire de nations entières comme les Pays-Bas, depuis des siècles. L’accélération de l’urbanisation, de l’artificialisation des milieux, de la pression démographique en zone littorale, mais aussi la prise de conscience des causes et conséquences du changement climatique (dont l’accélération de l’augmentation du niveau marin), et des nécessités de s’y adapter obligent nos sociétés à y apporter des réponses. En France, l’État et ses services, les collectivités territoriales se mobilisent de plus en plus sur le sujet, notamment à la suite de la catastrophe Xynthia de 2010. Ainsi, des plans de prévention des risques littoraux ont été institués dans de nombreux secteurs, des observatoires et dispositifs divers ont été créés avec le soutien des collectivités locales concernées, mais aussi des organismes nationaux de recherche et d’expertise (Cerema, BRGM, Shom, etc.). Une stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte (SNGITC) a été mise en oeuvre en 2012, afin « d’accompagner les territoires littoraux dans leur recomposition spatiale, en développant les outils nécessaires, en renforçant la connaissance et en facilitant l’information et la mobilisation de tous ». Cette stratégie est déclinée régionalement ou localement dans la plupart des secteurs concernés. Plus récemment, la loi dite « Climat et Résilience » du 22 août 2021 a intégré plusieurs articles visant à mieux protéger le littoral, et encadrer de manière très volontariste son aménagement et la gestion du foncier. Enfin, plusieurs rapports ont été rendus publics ces derniers mois, parmi lesquels on peut en retenir au moins trois :
− Protection du trait de côte et analyse des enjeux au niveau national, Échéance à 5 ans et Horizons 2050 et 2100 (Cerema, février 2024) ;
− La gestion du trait de côte en période de changement climatique , extrait du Rapport public annuel 2024 de la Cour des comptes ;
− Adapter le système assurantiel français face à l’évolution des risques climatiques, rapport préparé pour les ministères en charge de l’économie, et de la transition écologique.
Ces trois rapports mettent en avant la nécessité de mieux se préparer à court comme à moyen terme, et mettent en lumière les défis auxquels les collectivités territoriales concernées devront faire face, la nécessité d’un renforcement de la gouvernance, mais aussi des dispositifs de couverture des risques et de financement pour accompagner les profondes transformations nécessaires de la bande côtière.
L’Académie des technologies, à travers le présent avis, souhaite insister sur les domaines spécifiques en lien avec ses missions et compétences, et propose une série de recommandations, en apportant des éléments de réponse aux questions suivantes :
− Quelles sciences et technologies sont à renforcer pour les actions à court et moyen terme ?
− Quelles sont les mesures de plus long terme, d’ordre plus général, incluant des volets sociaux et économiques ?
− Quels sont les défis technologiques pour le plus long terme ?
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