Compte-rendu de la séance thématique de l’Académie des technologies du 22 novembre 2023
Dans le contexte de l’intensification des changements observés dans l’ensemble du système climatique et de leurs impacts, la démarche d’attribution consiste à évaluer la contribution d’un ou plusieurs facteurs naturels et anthropiques à un changement ou un évènement observés. Un ensemble de méthodes d’attribution qui s’appuient sur l’utilisation combinée d’observations et de compréhension théorique ainsi que de modèles de climat a progressé depuis 40 ans, à partir du travail pionnier de Klaus Hasselmann (co-lauréat du Prix Nobel de Physique en 2021). Elles sont mises en oeuvre pour évaluer l’influence humaine sur les indicateurs clés du climat à l’échelle planétaire, ou pour une région donnée, comme la France, ou pour un évènement météorologique ou climatique extrême à fort impact.
En ce qui concerne la composition atmosphérique, il est sans équivoque que la hausse brutale des concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux observée depuis 1850 résulte des activités humaines, entraînant une augmentation du forçage radiatif et le déséquilibre du bilan d’énergie de la Terre. Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et les terres, entraînant des changements généralisés et rapide dans toutes les composantes du système climatique. La meilleure estimation de l’influence humaine sur le réchauffement planétaire depuis 1850-1900 est égale au réchauffement observé. Un résultat similaire est obtenu pour le réchauffement observé en France métropolitaine. Les études d’attribution ont été utilisées pour contraindre les projections de réchauffement en France, conduisant à anticiper un réchauffement de l’ordre de 3,8 °C (2,9 à 4,8 °C) d’ici 2100 en métropole pour environ 2,7 °C (2,1 à 3,5 °C) au niveau planétaire, en réponse à un scénario intermédiaire d’émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Des méthodes d’attribution rapide des évènements extrêmes ont par ailleurs été opérationnalisées au cours de la dernière décennie pour évaluer en quoi l’influence humaine sur le climat a affecté (ou non) la probabilité d’occurrence et l’intensité d’évènements extrêmes, avec des conclusions robustes pour les évènements de chaleur extrêmes, de pluies extrêmes, plus contrastés pour les sécheresses, selon le contexte, le type de sécheresse et la région considérée.
Les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie jouent un rôle majeur dans l’intensification du changement climatique et ses conséquences. En 2019, l’ensemble des émissions attribuées au secteur industriel représentent 34 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre. Depuis les années 2000, ses émissions directes ont augmenté plus rapidement que celles de tout autre secteur, tirées par l’accélération de l’extraction et de la production de matériaux de base. La hausse des émissions de l’industrie entre 2010 et 2019 est dominée par les émissions des processus industriels (40 %), d’où l’importance des avancées technologiques permettant de décarboner ces processus.