Recommandations de l’Académie des technologies pour une industrie alimentaire plus compétitive, plus respectueuse de l’environnement, et au service de ses consommateurs
Paris, le 25 mars 2021 – L’industrie alimentaire représente, en France, le premier secteur industriel en termes d’emplois et de chiffre d’affaires. Puissante mais fragile, elle souffre d’une baisse de compétitivité à l’international et d’une image négative aux yeux de l’opinion publique. Dans ce nouveau rapport, l’Académie des technologies analyse comment les industries alimentaires françaises doivent s’approprier les technologies numériques pour mieux concevoir, fabriquer, contrôler et distribuer des aliments, gagner en compétitivité et répondre aux attentes exprimées par les consommateurs, dans le respect des objectifs de développement durable. Nécessaire, cette grande ambition ne pourra se concrétiser sans le soutien significatif des pouvoirs publics.
Chiffres clés
- Premier secteur des industries manufacturières françaises
- Chiffre d’affaire : 215 milliards d’euros
- Valeur ajoutée : 45 milliards d’euros
- Excédent commercial 2019 : 7,9 milliards d’euros
- 460.000 emplois
- 15.000 entreprises dont 98% de PME/TPE, la quasi-totalité avec moins de 10 salariés
- Quelques multinationales, mais la première française est classée 15ème mondiale.
Premier secteur industriel en termes d’emplois et de chiffre d’affaire, interface essentielle entre agriculteurs et consommateurs, l’industrie alimentaire est cependant fragile : elle perd de sa compétitivité à l’international et souffre d’une image souvent négative dans le grand public. Pour répondre à ces défis, elle doit améliorer procédés et produits en intégrant les objectifs de développement durable et en tirant parti des technologies numériques pour mieux concevoir, fabriquer, contrôler et distribuer des aliments répondant aux demandes des consommateurs et respectueux des contraintes environnementales.
Dans son rapport “Innovation dans les industries alimentaires. Impacts de la révolution numérique”, l’Académie des technologies présente les mutations actuelles des comportements alimentaires qui orientent les démarches innovantes des fabricants au niveau des procédés et des produits, et induisent la création de services pour répondre aux exigences de praticité et de commodité, tout en respectant des enjeux de transparence.
Elle développe 7 thématiques, et émet pour chacune des recommandations :
- Production et exploitation de données massives et sûres : les industries alimentaires doivent progresser dans la maîtrise de leurs données. Elles peuvent concourir, par un recueil éthique des données des consommateurs, à une alimentation de qualité. Il sera nécessaire de diffuser dans le secteur la culture correspondante.
- Prise en compte de la complexité des aliments lors de leur conception : la qualité d’un aliment intègre des composantes biologiques, culturelles, sociétales et économiques qui inter-réagissent les uns avec les autres. Pour concevoir un nouveau produit ou améliorer ceux existants, l’appel au numérique et à l’intelligence artificielle peut aider à gérer cette complexité.
- Numérisation des usines : il est nécessaire d’accélérer la numérisation des usines en favorisant des partenariats entre la recherche en robotique-cobotique, la recherche sur les capteurs, la recherche technologique agro-alimentaire, en associant les équipementiers et les entreprises utilisatrices.
- Renforcement de la traçabilité : les travaux sur l’interopérabilité nationale, européenne et internationale de la traçabilité des aliments, notamment par usage de blockchains, sont à poursuivre. Une fois consolidées les «bonnes pratiques» au sein du système alimentaire, il conviendra de soutenir les PME et TPE désireuses de s’approprier cet outil,
- Meilleure prise en compte des impacts environnementaux : les professionnels du système alimentaire doivent s’emparer de ce défi majeur, et utiliser les technologies numériques pour réduire l’empreinte, principalement climatique, des produits alimentaires, de leur conception jusqu’à leur acheminement et leur emballage.
- Nouveaux services pour les industries : la mise en place de plateformes de service mutualisées, associée au développement de modèles économiques, aiderait les moyennes et petites entreprises à davantage exporter leurs productions. Les organisations professionnelles régionales en liaison avec les présidents de région doivent jouer un rôle moteur en ce domaine.
- Nouveaux services pour les consommateurs : étant donné le succès et l’impact des applications qui revendiquent aider les consommateurs lors de leurs achats, celles-ci devraient impérativement être validés avant leur mise en service. L’Académie des technologies préconise donc la saisine par les pouvoirs publics de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) afin d’évaluer la pertinence des méthodologies utilisées pour construire les scores que ces applications attribuent aux aliments et aux boissons.