Académie des technologies

Hydrogène naturel – La France doit se mobiliser rapidement auprès de la filière en la soutenant

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Avis de l’Académie des technologies

La France a été pionnière dans la promotion de l’hydrogène naturel comme source d’énergie et/ou matière première en travaillant sur le sujet dès 2011. Début 2022, la France a reconnu dans le code minier, l’hydrogène naturel comme une ressource et les premiers permis d’exploration ont été déposés. En parallèle, les pays historiquement plus à l’aise avec l’exploitation des richesses du sous-sol, comme les États-Unis et l’Australie, ont pris conscience du potentiel des ressources en hydrogène sur leur territoire et accélèrent le développement de cette nouvelle filière. La géologie de certaines régions de France est propice à la présence de cette ressource. Cette note vise à relever les points qui pourraient permettre de développer plus rapidement ce potentiel pressenti et de positionner notre industrie dans ce nouvel écosystème.

L’hydrogène est actuellement produit industriellement par des procédés plus ou moins consommateurs d’énergie et d’eau (comme l’électrolyse) et plus ou moins émetteurs de CO2 (comme le vapocraquage du méthane ou la gazéification du charbon). L’hydrogène est une matière première mais il peut aussi être un vecteur énergétique et surtout désormais une source d’énergie primaire.

Sur le plan international si les majors (grandes compagnies internationales Oil&Gas) ont une veille active, aucune des IOC (International Oil Company) n’a pris, pour l’instant, officiellement de permis d’exploration. Le paysage est très différent pour les NOC (National Oil company) qui, après une phase initiale de veille, sont passées, mi-2023, à l’acquisition de données et à l’évaluation du sous-sol de leur pays (PETROBRAS, ECOPETROL, SAUDI ARAMCO, ADNOC). On peut penser que dès qu’une découverte importante aura été prouvée, les IOC prendront à leur tour des permis.

Dans ce contexte, l’Académie des technologies émet 6 recommandations :

  • Soutenir la filière – La filière de l’hydrogène naturel s’est organisée de manière autonome au cours des trois dernières années. Il faut l’aider à croître plus rapidement en utilisant les acteurs et les guichets déjà en place, tout en leur octroyant des fonds spécifiquement dédiés à cette nouvelle ressource. Pour la recherche par exemple le PEPR sous-sol bien commun pourrait être le bon outil s’il oriente une partie de son budget vers ce sujet.
  • Labéliser l’hydrogène naturel – La labélisation de l’hydrogène naturel, également appelé hydrogène blanc, en tant qu’hydrogène décarboné au niveau de l’Union européenne et, plus généralement, à l’échelle internationale, est cruciale.
  • Affecter des fonds rapidement – L’Inflation Reduction Act aux États-Unis constitue un très puissant levier pour attirer les compagnies d’exploration. Les fonds consacrés aux États-Unis à la recherche publique, 20 millions de dollars, vont accélérer rapidement le savoir-faire outre-Atlantique et attirer nos cerveaux. La France doit réagir ; les sommes à mettre en jeu ne sont pas énormes. Quelques millions d’euros suffiraient pour faire une évaluation à grande échelle des zones prospectives. Par exemple, une somme équivalente aux 500 000 € investis en Nouvelle-Aquitaine pour chaque région permettrait de compléter les cartes et d’avancer significativement dans cette exploration.
  • Subventionner les entreprises qui ont commencé l’exploration, le coût des puits à forer est relativement bas (en comparaison de puits profonds en mer. Il est important de noter que nous ne recommandons pas de réaliser des puits de recherche scientifique, mais plutôt d’aider les compagnies opératrices. En contrepartie, l’obligation de rendre publiques les données acquises serait logique.
  • Soutenir tous les hydrogènes décarbonés. On observe une certaine opposition croissante des promoteurs de l’hydrogène issu des électrolyseurs, dit hydrogène vert, qui le présentent comme la seule alternative pour un hydrogène décarboné. Cette critique, bien que réelle semble un peu dérisoire au vu de l’enjeu et des chiffres : 99% de l’hydrogène actuel vient de l’industrie chimique (méthane, charbon, pétrole, hydrogène sulfuré) il est donc gris ou noir. Nous recommandons donc de soutenir tous les hydrogènes décarbonés avec la même vigueur.
  • Développer l’industrie du « parahydrogène », comme l’a été celle du parapétrolier en son temps via le FSH (Fonds de Soutien aux Hydrocarbures), pour que les compagnies de service puissent aussi gagner des contrats à l’international.

 

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Contacts presse

Olivier COPPERMANN – olivier.coppermann@seitosei-actifin.com – +33 6 07 25 04 48
Enora BUDET – enora.budet@seitosei-actifin.com – + 33 6 72 17 84 60