Note
Gaspard Koenig n’a pas recueilli les 500 signatures nécessaires pour maintenir sa candidature. Nous indiquons ci-dessous ses réponses au questionnaire, qu'il nous avait retourné avant l'annonce de la liste des parrainages validés par le Conseil constitutionnel.
Transition énergétique et climat
Quelles sont vos priorités pour décarboner l’économie française au moindre coût ?
Une fiscalité environnementale suivant un principe de pollueur-payeur constitue l’outil le plus efficace pour orienter les dépenses et les investissements vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre, en donnant un prix à ces dernières. Toutes les recettes de la taxe carbone doivent être redistribuées aux citoyens afin d’aboutir à un résultat neutre sur le pouvoir d’achat de la population. Il est en outre impératif de taxer uniformément l’ensemble des sources d’émissions, y compris les importations.
Parmi ces pistes souvent évoquées, quelles sont celles qui vous semblent les plus pertinentes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le changement climatique ?
- Inciter à la rénovation énergétique des bâtiments
- Inciter à l’installation de pompes à chaleur
- Inciter à l’installation de chauffe-eau électriques
- Inciter à l’achat de véhicules électriques
- Inciter à la sobriété énergétique, au recyclage, à l’achat d’objets plus durables
- Investir massivement dans les éoliennes et le photovoltaïque
- Investir massivement dans le renforcement du réseau électrique
- Investir dans la filière nucléaire pour construire de nouveaux réacteurs
- Investir dans les réacteurs existants pour les prolonger en toute sûreté
- Investir dans la mise en œuvre des technologies de capture et stockage du carbone
- Investir dans la recherche sur le stockage d’électricité
- Investir dans la recherche sur la fusion nucléaire
- Investir dans la filière hydrogène
- Financer la décarbonation dans les pays du Sud, où les investissements sont beaucoup plus efficaces
- Maintenir la position volontariste de l'Europe sur la lutte contre le réchauffement climatique, même si les autres grandes régions concurrentes (USA, Chine) ne contribuent pas au niveau qui serait requis
- Renégocier les objectifs européens de réduction d’émission de gaz à effet de serre, si la Chine et les États-Unis ne font pas des efforts proportionnés
- Renégocier la contribution de la France aux objectifs européens maintenus de réduction d’émission de gaz à effet de serre, que certains jugent irréalistes et pénalisants pour nos entreprises et nos ménages, pour tenir compte de notre avancée par rapport à la majorité des pays européens
- Mettre en place des mécanismes d’ajustement aux frontières de l’Union européenne qui fassent que nos entreprises ne soient pas pénalisées par rapport à celles de pays moins vertueux (ne taxant pas leurs émissions de gaz à effet de serre)
Commentaire (indiquez les cinq mesures prioritaires parmi celles que vous avez sélectionnées) : Le gouvernement ne doit pas décider pour toute la population des choix de consommation ou d’investissement, au risque d’obtenir un résultat sous-optimal ne correspondant pas aux besoins réels. Le rôle de l’Etat demeure la création d’un cadre favorisant les investissements et incitant à éviter les actions nocives pour l’environnement. Il convient à ce titre de n’écarter aucune technologie de production d’énergie décarbonée. Il faut réaliser des investissements en fonction des coûts et des externalités négatives de celles-ci.
De quelle(s) position(s) vous sentez-vous le plus proche ?
- L’urgence est d’assurer l’augmentation de la production d’électricité bas-carbone au moindre coût
- Développer de manière très volontariste les énergies renouvelables et l’efficience énergétique afin de sortir au plus tôt du nucléaire
- Développer de manière très volontariste les énergies renouvelables et l’efficience énergétique afin de sortir au plus tôt du nucléaire, mais cela ne suffira pas et il faudra restreindre fortement notre consommation
- Développer de manière très volontariste les énergies renouvelables et l’efficience énergétique afin de sortir au plus tôt du nucléaire, mais cela ne suffira pas et il faudra accepter de recourir largement au gaz, la moins polluante des énergies fossiles, pendant les périodes d’intermittence (manque de vent et de soleil)
- Développer de manière très volontariste les énergies renouvelables et l’efficience énergétique, mais cela ne suffira pas et il faudra conserver une part substantielle d’énergie nucléaire pour éviter le recours aux énergies fossiles, l’envolée des prix et la précarité énergétique
- Investir dans le nucléaire (tout en développant les énergies renouvelables), car c’est une énergie décarbonée et pilotable en fonction de la demande qui permet aux ménages et aux entreprises de bénéficier d’énergie à un prix abordable et peut contribuer à nos exportations
- Investir dans l’adaptation au changement, puisque nous ne maîtrisons pas ce que feront les autres pays
Commentaire :
Technologies critiques pour notre indépendance
Pensez-vous qu’il faille développer un « cloud » européen pour que nos données personnelles et celles de nos entreprises ne puissent pas risquer d’être utilisées par des acteurs étrangers ?
L’Etat doit stocker en France les informations qu’il estime sensibles. Des acteurs existent déjà sur ce marché. Quant aux entreprises, elles ont tout intérêt à assurer la sécurité de leurs données et peuvent le faire de la manière qui leur semble la plus appropriée.
On dit souvent que la prochaine « pandémie » sera liée à un virus informatique. Quelles mesures pensez-vous prendre pour réduire la vulnérabilité des ménages français et des entreprises et assurer leur cybersécurité ?
La possibilité d’attaques informatiques est une réalité que tout entrepreneur compétent devrait garder en tête. L’Etat ne peut pas se substituer en permanence aux individus et aux entreprises, à qui il appartient d’assumer les risques liés à leurs activités. L’Etat devrait avant tout veiller à la résilience de ses administrations parfois mal-loties, à l’image des hôpitaux.
Pensez-vous qu’il faille se garantir l’accès à certaines technologies ou à certains équipements ? Lesquels ? Faut-il le faire au niveau français ou européen ?
Lesquelles de ces technologies et équipements vous semblent justifier un financement public prioritaire ?
- Les routeurs et autres équipements des réseaux de communications fixes et mobiles
- Les centres de données
- Les satellites et l’accès à l’espace
- La maîtrise des technologies d’intelligence artificielle, d’apprentissage automatique (machine learning) et d’exploitation des données massives (big data)
- Le calcul à haute performance (supercalculateurs)
- Les capteurs et ordinateurs quantiques
- Les semi-conducteurs (dont la pénurie a fortement perturbé l’industrie automobile)
- Les panneaux photovoltaïques
- Les nouveaux réacteurs nucléaires (SMR, surgénérateurs)
- Les matériaux nécessaires aux transitions énergétiques et numériques
- Les biotechnologies
- Le génie génétique
- La fabrication en France ou en Europe des principes actifs des médicaments critiques
- Les véhicules électriques et leurs équipements clef (batteries, moteurs…)
- Autres
- Aucune de ces technologies : laissons l’initiative aux entreprises qui savent mieux identifier les besoins et développer des solutions que les pouvoirs publics !
Commentaire (indiquez les trois mesures prioritaires parmi celles que vous avez sélectionnées) : Je n’ai volontairement pas sélectionné de technologies prioritaires. En effet, je pense que dans le cas du développement de technologies commercialisables, les investissements doivent majoritairement provenir du privé. L’Etat finance déjà la recherche fondamentale et parfois appliquée. Il devrait autant que possible faire preuve de neutralité dans le domaine technologique. Par ailleurs, pour certaines technologies citées (biotechnologies, génie génétique et dans une moindre mesure, le nucléaire), il serait pertinent que l’Etat s’abstienne de freiner les investissements via un principe de précaution débordant parfois des limites du raisonnable.
Beaucoup d’innovations françaises sont valorisées par des groupes étrangers car nos start-ups ont du mal à trouver en France des financements leur permettant de se développer à grande échelle. Pensez-vous qu’il s’agit d’un problème important et si oui que proposez-vous pour le pallier ?
Il apparaît primordial d’encourager la création de richesse en France, afin de pouvoir réinvestir davantage. Un exemple en ce sens pourrait être un système de retraite par capitalisation, mais il n’existe évidemment aucune solution miracle. L’économie est un tout, qui exige d’oser explorer l’ensemble des pistes à notre disposition.
Place de la technologie dans l’enseignement et la formation
La France manque de décideurs maîtrisant les enjeux de la technologie : est-ce votre avis ? est-ce un problème important ? et si oui comment pensez-vous y remédier ?
Je partage effectivement ce constat. Pour résoudre le problème, il semble nécessaire de renforcer la pluridisciplinarité dans l’enseignement secondaire et supérieur. Les diplômés en sciences sociales doivent notamment pouvoir comprendre les mathématiques, le numérique ainsi que les sciences physiques et naturelles. Dans la même optique, la maîtrise des fondamentaux en économie, histoire et sciences politiques revêt également une certaine importance pour les diplômés des filières scientifiques.
L’enseignement des technologies n’est pas une priorité dans notre système éducatif : faut-il changer cela, et si oui comment ?
Il ne revient pas à l’Etat de prioriser les savoirs. Sa mission est de permettre aux élèves d’accéder à un environnement riche et stimulant dans tous les domaines, afin que chacun ait la possibilité de puiser les compétences et les connaissances pour lesquelles il manifeste le plus d’appétence. En ce sens, il est essentiel de valoriser et rendre accessible l’enseignement des technologies dès le plus jeune âge. Il appartient au système éducatif de conserver la curiosité naturelle des enfants, en développant leur créativité.
Les mathématiques sont essentielles pour la technologie et pour un nombre croissant d’activités humaines : comment proposez-vous de remédier à la baisse observée du niveau des élèves ?
Malgré les résultats unanimes d’études internationales soulignant une perte de compétences en mathématiques, le nouveau baccalauréat les a supprimées du tronc commun. De plus, l’Education Nationale est confrontée à une pénurie d’enseignants pour cette matière. Le rapport Villani n’a malheureusement été suivi que de mesures minimales. Pourtant, plusieurs solutions peuvent être déployées. D’abord, l’Etat doit investir dans la formation des enseignants et ne pas restreindre ces derniers dans leur pratique. Il s’agit entre autres de garantir leur liberté pédagogique ainsi que les moyens financiers et humains nécessaires, en plus d’accompagner l’expérimentation, par exemple à travers l’association enseignants-chercheurs. Ensuite, il faut intégrer les mathématiques en tant qu’épreuve obligatoire du baccalauréat. Enfin, tous les élèves ne sont pas adaptés aux mêmes pédagogies. Il est donc essentiel d’accorder aux établissements une autonomie dans leur façon d’enseigner.
Que proposez-vous pour attirer plus de femmes vers les filières scientifiques et technologiques ?
L’Etat n’a pas à s’immiscer dans les choix et préférences des individus. Sa fonction se résume à leur garantir l’accès à une instruction complète, adaptée à leurs besoins et de qualité, indépendamment de leur genre, milieu social ou origine. Une fois ce cadre posé, l’attractivité des filières relève non plus de la responsabilité du président de la République, mais des entreprises et des établissements d’enseignement.
Place de la technologie dans la société
Les enquêtes de l’Académie des technologies montrent que les Français sont de plus en plus méfiants vis-à-vis des technologies et des experts : est-ce un problème important ? et si oui comment pensez-vous y remédier ?
Là encore, un enseignement plus transversal est la clef. Aujourd’hui, des informations auparavant réservées aux experts sont accessibles à tous. Chacun se pense ainsi compétent dans des domaines dont il ne maîtrise ni les codes, ni les méthodes. La compréhension des sciences doit donc passer par une éducation adaptée. Il faut entre autres renforcer l’esprit critique des citoyens et mieux insister sur le développement de leurs capacités d’analyse, par exemple pour apprendre à lire des études statistiques. Par ailleurs, l’usage des technologies doit relever de décisions et responsabilités individuelles dès lors qu’il n’engendre aucun impact majeur sur autrui.
Que pensez-vous du principe de précaution, selon lequel « l’éventualité d’un dommage susceptible d’affecter la santé ou l’environnement de manière grave et irréversible appelle, malgré l’absence de certitudes scientifiques sur les risques encourus, la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et l’adoption de mesures provisoires et proportionnées au dommage envisagé ? Faut-il le reformuler, en restreindre ou en élargir l’usage ?
Un angle mort du principe de précaution est qu’il s’applique aux dommages incertains qui pourraient être causés dans le futur par des technologies émergentes, mais pas aux dommages actuels certains. Ainsi, en repoussant la commercialisation d’un OGM dont les risques pour la santé ne sont pas prouvés, on peut laisser des famines perdurer ou continuer à utiliser des pesticides en plus grande quantité. En retardant la commercialisation d’un traitement ou d’un vaccin en période d’épidémie, on peut provoquer plus de victimes que ce que les effets secondaires auraient provoqué. Enfin, en s’interdisant le recours à l’énergie nucléaire “par précaution”, de nombreux pays provoquent des conséquences largement négatives en termes de pollution locale et d’effet de serre. Ce principe nous handicape même avant la phase industrielle : la Prix Nobel de Chimie Emmanuelle Charpentier n'a-t-elle pas dit que ses recherches sur CRISPR-Cas9 auraient été quasi-impossibles en France ? Il doit donc selon nous être réformé. Il est normal d’étudier les effets des technologies, notamment récentes, mais cela ne doit pas empêcher d’innover dès lors que le rapport bénéfice-risque est positif.
En présence d’une pandémie, lorsqu’on dispose d’un vaccin ne semblant pas présenter de risque notable et capable de limiter fortement la circulation de l’agent infectieux et sa dangerosité pour les personnes vaccinées, pensez-vous qu’il faille :
- Rendre la vaccination obligatoire, afin de préserver le système de santé et l’accès aux soins de la population, y compris de ceux qui souffrent d’autres pathologies ?
- Laisser à chacun la liberté de choix, mais imposer de sévères restrictions à la possibilité pour les non-vaccinés de fréquenter des lieux où ils peuvent s’infecter et infecter les autres ?
- Laisser à chacun la liberté de choix, mais n’accepter les non-vaccinés dans le système de soins que lorsque les malades vaccinés souffrant d’autres pathologies ont été traités en priorité ?
- Redimensionner, quoi qu’il en coûte, l’offre de soin pour accueillir tout le monde sans négliger les pathologies ordinaires en situation de crise ?
- Autre
Commentaire : Il est impossible de répondre à cette question in abstracto. Je suis pour la vaccination et contre toute forme de passe sanitaire ou vaccinal dans la mesure où le vaccin ne limite que faiblement les transmissions. Une vaccination obligatoire ciblée sur les personnes les plus à risques peut être une solution acceptable lorsqu’un risque tangible de saturation des services de soins critiques apparaît.
Les technologies soulèvent des questions éthiques. Quelles sont celles qui vous préoccupent le plus ? Comment proposez-vous de les traiter ? Faut-il interdire certaines recherches ? Dans quels domaines ?
Je suis un fervent partisan de la liberté, de l’autonomie et de la confiance dans le jugement personnel de chacun. Si le système est équilibré, il n’y a pas lieu que l’Etat interdise. Les restrictions émanent souvent des individus eux-mêmes, de leurs pairs familiers des risques et des enjeux voire des usagers, capables de refuser le recours à une technologie controversée. L’application raisonnable d’un principe de précaution mûrement réfléchi, ouvrant la porte à une interdiction provisoire lorsque les conditions permettant une évaluation efficace des risques et des impacts ne sont clairement pas réunies, suffit amplement.
Y a-t-il un point qui vous a semblé trop négligé dans ce questionnaire et que vous souhaiteriez aborder ?
Il me paraît pertinent d’évoquer les questions de partage des savoirs et de collaboration internationale. La crise sanitaire nous a par exemple montré l’importance de la coordination des efforts de recherche et de prévention, qui passe notamment par un accompagnement des pays les moins développés. Un accès universel aux technologies critiques, telles que la vaccination, est la condition sine qua non d’un progrès au service de l’humanité et de l’environnement.