Trimestriel de l’intelligence technologique (trimestriel de la Fondation de l’Académie des technologies) – Septembre 2023
Rédigé par Thomas Le Diouron, Président Impulse Partners et Francois Bertière, membre de l’Académie des technologies
Introduction
Le monde des infrastructures, urbaines et industrielles, fait face à d’immenses défis liés à l’optimisation des ressources, la mutation des usages, et les impacts environnementaux et sociétaux de leurs activités.
Le secteur de la construction est pointé du doigt car il tarde à renouveler son modèle afin d’intégrer ces défis. Le retard en termes de productivité, de digitalisation, d’industrialisation et d’impacts sur l’environnement est clairement identifié par rapport à l’ensemble des autres secteurs d’activité.
Les acteurs historiques du secteur en sont bien conscients et œuvrent pour y remédier. Cependant, ces mêmes caractéristiques fondamentales du secteur qui les font vivre et autour desquels ils se sont structurés sont en fait des obstacles au changement : l’organisation du marché, l’environnement règlementaire, les pratiques des métiers, les modèles économiques… La prime est l’innovation est faible dans un secteur qui est par nature concurrentiel localement et qui ne permet pas simplement les économies d’échelle.
S’il ne faut guère espérer de ruptures de la part des acteurs du marché, la tentation est d’imaginer que les start-up peuvent jouer ce rôle. En apportant un regard neuf et non biaisé sur les enjeux du secteur, les start-up peuvent bousculer les pratiques, confronter les modèles, et contribuer ainsi significativement au dynamisme de la filière, notamment dans les domaines du digital, des nouveaux modèles économiques et de l’évolution des usages. Qui seront les Uber, Google ou Amazon du BTP ? vont-ils révolutionner le secteur et changer ses pratiques ? Suivre ces start-up c’est aussi détecter les signaux faibles des ruptures technologiques – et d’une manière plus générale des innovations –susceptibles d’accélérer la nécessaire transition.
Pour répondre à cette question – et ainsi identifier les technologies à encourager, il est indispensable de bien comprendre comment les spécificités de la filière Construction sont des obstacles à l’optimisation qui s’est opérée dans les autres secteurs grâce aux apports de l’industrialisation et de la digitalisation.
Nous ferons ensuite un tour d’horizon des innovations, technologiques et non technologiques (contractuelles, d’usages) et évalueront lesquelles ont le plus grand potentiel de transformer positivement la filière, étant donné ses spécificités.
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(Illustration : ©fotomek – stock.adobe.com)