Académie des technologies

Nathalie FONT

  • Directrice du site de Toulouse
  • Thales Alenia Space
  • 39 ans
  • Parrainée par Paul FRIEDEL en 2024

Pourquoi la tech ?

Lors de mes années lycée, je me destinais à des études de droit et au moment du choix, l’influence d’une professeure de sciences physiques, elle-même Ingénieure a été déterminante. « Si toi tu ne fais pas des sciences, qui en fera dans cette classe ? », cette question a résonné en moi, j’avais des facilités dans les matières scientifiques, j’aimais le cadre de l’école et je me trouvais rassurée de partir dans une structure plus petite que la fac au travers des classes préparatoires.

Votre parcours ?

Un bac S suivi de deux ans de classe préparatoire au Prytanée National Militaire (en internat) avant d’intégrer Télécom Bretagne (aujourd’hui IMT Atlantique). J’ai fait le choix de cette école pour la filière proposée en 3e année de se spécialiser en télécommunication par satellite. Les deux domaines techniques qui m’attiraient le plus, la défense et l’espace.

Votre première expérience professionnelle dans la tech ?

Mon stage de fin d’étude sur le dimensionnement d’un système de télécommunication par satellite pour la Lune ! Ce stage au sein d’une équipe de Recherche et Développement, dans une équipe pilotée par une femme a été ma porte d’entrée dans le domaine du spatial.

Que faites-vous aujourd’hui et pourquoi ?

Aujourd’hui je suis directrice du site de Thales Alenia Space à Toulouse, avec 2800 salariés, 92000m² de surfaces tertiaires et industrielles, 10000m² de salles blanches, c’est le plus grand site de la division Espace du Groupe Thales.

Ce poste était dans mon radar déjà depuis un moment, mais je ne l’envisageais pas forcément pour tout de suite. Les sujets de gestion de site, de santé, sécurité, sureté, environnement, de rayonnement dans l’économie locale et régionale m’attirent par leur diversité et leurs impacts sur le bien être des collaborateurs et sur le business de l’entreprise.

J’ai choisi de postuler à ce poste car j’ai eu envie d’agir, notamment dans une ère post-Covid, qui nous a éloigné de l’entreprise, qui a bousculé les codes de la relation au travail, dans une ère de transformation sociétale avec une jeunesse engagée et sensible aux sujets environnementaux auxquels nous devons répondre. Ce sont les jeunes qui feront l’avenir et nous avons besoin d’eux pour développer les solutions techniques qui rendront le monde plus durable, et le spatial en fait pleinement partie.

Vos atouts pour ce poste ?

Des idées et des envies. L’envie d’avoir un impact positif, des idées pour tester des nouvelles approches, innover et aider à mettre en place les changements nécessaires.

Vos défis passés, vos ratés, vos grands moments de solitude ?

Chaque changement de poste, dont certains avec une feuille blanche et tout à construire, était un défi mais aussi une grande source d’énergie !

Un raté, sur mon premier poste en tant que manager a été de penser que tout le monde dans l’équipe aurait le même objectif, le sens du collectif, or ça se construit et ce n’est pas automatique.

Un moment de solitude, lors d’une prise de fonction sur un poste de responsable de la transformation numérique de l’entreprise, un collègue qui me dit : « Bonne chance, ça ne marchera jamais. ».

Vos meilleurs moments, les succès dont vous êtes fière ?

Sur le plan technique, la fierté de voir les projets amont auxquels j’ai pu contribuer par le passé se poursuivre aujourd’hui sur des réalisations concrètes, de voir que la capitalisation paie et que le travail réalisé est utile pour ceux qui sont arrivés depuis.

Sur le plan humain, les meilleurs moments sont ceux en tant que manager où les actions que l’on mène ou que l’on met en place permettent aux équipes et aux individus d’évoluer et de travailler dans de meilleures conditions. Les feedbacks positifs reçus à ces occasions sont une belle fierté de manager.

Des personnes qui vous ont aidée/marquée ou au contraire rendu la vie difficile ?

Sur le plan professionnel, des managers et leader de l’entreprise, hommes et femmes, m’ont aidé à grandir et prendre confiance en moi. Sur le plan personnel, ma mère m’a toujours montré qu’une femme peut tout faire, ce n’était d’ailleurs pas un sujet.

Certains m’auront aussi rendu la vie difficile, collègue ou manager dans des modes de fonctionnement trop éloigné du mien et avec lesquels nous n’avons pas toujours trouvé de terrain d’entente.

Vos envies et défis à venir ?

Faire du site de Thales Alenia Space Toulouse un site modèle en termes d’innovation, d’industrie et de responsabilité sociétale. Par les actions que nous menons, je souhaite aussi contribuer à la création de vocations scientifiques chez les jeunes et les jeunes filles en particulier mais aussi pour tous les jeunes des secteurs historiquement plus éloigné des sciences, quartiers prioritaires, ruralité, etc.

Et que faites-vous en dehors de votre travail ?

Quand j’avais encore un peu de temps à moi, j’aimais faire du sport, course à pied, jujitsu brésilien, de la moto et du bricolage. Depuis l’arrivée de mon premier enfant les loisirs se sont adaptés.

Vos héroïnes (héros) de fiction, ou dans l’histoire ?

Aucun en particulier.

Votre devise favorite ?

Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait !

Un livre à emporter sur une île déserte ?

Le petit Prince

Un message ou un conseil aux jeunes femmes ?

La diversité est un atout, cela est vrai dans tous les secteurs et la Tech n’est pas une exception. Alors osez car vous en êtes capable, défendez vos idées, portez vos propositions et soyez vous-même car vous êtes une richesse pour les entreprises.

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749