Académie des technologies

Sarah ESTIENNE

  • Responsable technique
  • Richemont
  • 32 ans
  • Marrainée par Claudie HAIGNERÉ en 2024

Pourquoi la tech ?

La tech est bien plus qu’un outil ; c’est une force transformative qui peut révolutionner notre façon de travailler, de vivre et même de penser.

Dans le secteur du luxe pour lequel je travaille, où l’artisanat et la tradition sont des piliers fondamentaux, la technologie peut apporter une valeur ajoutée significative.

La tech offre une multitude d’opportunités pour améliorer et transformer un domaine d’activité. Dans mon cas, il s’agit de préserver l’essence de l’artisanat tout en s’adaptant aux défis et aux opportunités du monde moderne.

Dans la gestion de production, la capacité à suivre chaque étape d’un processus, à analyser les défaillances, à faciliter le travail du technicien et à anticiper les besoins des clients peut être grandement améliorée grâce aux outils technologiques.

Votre parcours ?

Après un baccalauréat scientifique, je poursuis mes études en classes préparatoires et intègre l’école d’ingénieur SUPMECA (École supérieure de Mécanique). Diplômée en 2015 en production et logistique, j’obtiens mon premier poste chez Cartier, dans le secteur du luxe. Et l’aventure continue encore aujourd’hui au sein du groupe Richemont.

Lors de mes études scientifiques, j’ai toujours trouvé du plaisir dans la logique et la déduction, des éléments que je retrouve dans ma fonction actuelle.

Votre première expérience professionnelle dans la tech ?

Lors de ma formation en école d’ingénieur, j’ai effectué un premier stage chez L’Oréal au sein du département de fabrication de parfums. La mission était de piloter le déploiement de lignes de production automatisées. Ces machines étaient un moyen innovant pour perfectionner le processus de fabrication.

Que faites-vous aujourd’hui et pourquoi ?

Je suis responsable des ateliers de réparations de montres, bijoux et accessoires, au sein du Customer Service Richemont pour la France. Je supervise près de 70 personnes : horlogers, joailliers, polisseurs et une maroquinière. Je pilote les ateliers pour atteindre au mieux nos objectifs de délais et de qualité et ainsi satisfaire et fidéliser nos clients.

Dans ce secteur, où nous devons répondre aux besoins de clients toujours plus exigeants, il est nécessaire de rester à la pointe de la technologie pour être compétitif et conserver l’excellence. Mon rôle est donc aussi de développer les compétences des équipes, de les accompagner aux évolutions technologiques pour les garder motivés and garantir leur employabilité.

Dans ce poste, une approche scientifique et humaine sont nécessaires et se complètent. Comprendre l’autre, ses leviers de motivations, ses besoins et ses limites sont des clés pour lui permettre d’atteindre ses objectifs.

Vos atouts pour ce poste ?

Ma connaissance sur le Lean, approche axée sur l’optimisation des processus et qui s’appuie sur une démarche pragmatique et terrain, vise à créer une culture d’amélioration continue et à susciter l’adhésion des équipes.

J’aime le travail en équipe, l’analyse et la recherche de solutions, leur mise en œuvre conjointe, ainsi que l’accompagnement lorsqu’un changement suscite des appréhensions.

Je m’efforce constamment d’être juste, d’expliquer mes décisions, d’avoir une communication transparente. Être honnête, dire les choses avec tact permet de faire grandir les équipes et de maintenir un environnement de travail sain et productif.

L’entraide, une valeur qui m’est chère, est indispensable pour une meilleure gestion de mes ateliers. Elle permet à travers la polyvalence d’être plus flexible et donc de mieux gérer les pics de charge de travail.

Vos défis passés, vos ratés, vos grands moments de solitude ?

Je me suis réorientée en classes préparatoires car le parcours ne me convenait pas. J’avais choisi la filière MP (Maths-Physique) mais les cours étaient trop abstraits pour moi. Ce qui me correspondait étaient les mathématiques appliquées et la physique. Je souhaitais tout de même intégrer une école d’ingénieur. Je suis donc allée en faculté pour obtenir une licence de mécanique et intégrer sur dossier une école d’ingénieur.

Dans chaque difficulté rencontrée, j’ai appris à mieux me connaitre et à trouver des leviers pour les dépasser.

Vos meilleurs moments, les succès dont vous êtes fière ?

Je suis passionnée par l’artisanat et pouvoir le servir et améliorer son efficacité tout en le préservant est une vraie fierté.

Dans mon travail, mes meilleurs moments sont surtout collectifs, lorsque nous atteignons avec mon équipe nos objectifs, que nous apprenons et grandissons ensemble.

L’année 2023 a été une année exceptionnelle dont je suis très fière. J’ai été promue responsable d’ateliers, je me suis mariée avec l’homme qui partage ma vie depuis 12 ans et nous avons eu une petite fille. De nombreux projets en même temps que j’ai réussi à gérer et à vivre pleinement, avec beaucoup de volonté et de soutien, de l’organisation et une bonne santé.

Des personnes qui vous ont aidée/marquée ou au contraire rendu la vie difficile ?

Mon entourage, mes parents et mon mari m’ont toujours soutenu et aidé à atteindre mes objectifs.

Je retiens également ma maîtresse de stage Andrée-Anne Lemieux qui m’a permis de faire mes premiers pas chez Cartier. Aussi et surtout Emmanuelle Aboulker, directrice du Customer Service Richemont pour la France qui m’a permis d’avoir mon premier CDI, a su développer mes compétences et ma confiance en moi à travers des missions enrichissantes, intéressantes et stratégiques et en m’accordant toute sa confiance.

Dans chacune de mes expériences professionnelles, j’ai toujours eu besoin d’une figure de mentor, majoritairement féminine. Je m’inspire de ces femmes, alliant carrière et rôle de maman. Mes mentors m’ont prodigué des conseils, transmis des connaissances ou m’ont aidé à sortir de ma zone de confort et à réfléchir autrement.

Vos envies et défis à venir ?

À court terme, mener à bien 2 projets clés dans les ateliers que je dirige : l’agrandissement de l’atelier de joaillerie et l’intégration d’un nouveau processus technique au sein des ateliers d’horlogerie.

À long terme, réussir ma carrière dans le Sud de la France, proche de ma famille.

Et que faites-vous en dehors de votre travail ?

Je consacre maintenant la majorité de mon temps libre à ma fille de 5 mois et mon mari. Et nous prenons le temps de partager son éveil avec nos familles qui sont dans le Sud de la France où nous allons régulièrement.

Vos héroïnes (héros) de fiction, ou dans l’histoire ?

Une des héroïnes que j’affectionne est Gabrielle Chanel. Son génie créatif et son esprit novateur ont traversé les époques. Coco Chanel s’est affirmée comme une figure majeure du mouvement féministe, pionnière dans la remise en question des conventions en introduisant les premiers pantalons pour femmes.

Votre devise favorite ?

« Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. »- Nelson Mandela

Un livre à emporter sur une île déserte ?

Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.

Il offre une réflexion sur l’essence de la vie, de l’amitié et de l’amour.

Son récit intemporel et poétique évoque la magie de l’enfance et offre une perspective sur la beauté et la fragilité du monde.

Un message ou un conseil aux jeunes femmes ?

Il ne faut pas craindre l’échec. Nous apprenons et nous grandissons à travers un échec. Alors osons !

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749