Académie des technologies

Noémie Aureau

  • Architecte Associée
  • Renzo Piano Building Workshop
  • 35 ans
  • Parrainée par Pierre Vidailhet en 2023

Pourquoi la tech ?

J’ai toujours été très curieuse et aimé comprendre ce qui m’entoure, la nature, les phénomènes physiques, la technique, les Sciences en général. Je trouve fascinant de
pouvoir appréhender les phénomènes invisibles de l’infiniment petit comme ceux de l’infiniment grand grâce aux théories scientifiques. Également passionnée par les arts, j’ai depuis toute petite souhaité devenir architecte, au
sens d’architecte bâtisseur / ingénieur. Cela représentait à mes yeux la quintessence d’un métier à la fois scientifique, humaniste et artistique de par l’extrême richesse offerte par la variété de sa pratique.

Votre parcours ?

Cette dimension hybride de l’architecte bâtisseur qui correspondait à ma vision idéalisée a toutefois été perdue en France lors de la création de l’École des Ponts-et-Chaussées par Louis XV qui a engendré la scission entre d’un côté le monde des ingénieurs en génie civil et de l’autre celui des architectes des Beaux-Arts. C’est pourquoi, avec cette ambition finale toujours à l’esprit, et ce, dès mon collège de ZEP, j’ai entrepris de me lancer dans une aventure un peu atypique pour me confectionner un parcours d’études sur mesure. Après deux années de classes préparatoires scientifiques aux Grandes Ecoles, j’ai intégré l’Ecole Polytechnique. J’ai ensuite complété ma formation avec un double diplôme de génie civil et d’architecture entre l’Ecole des Ponts et l’Ecole d’Architecture de Marne La Vallée. J’ai enfin obtenu mon diplôme d’architecte HMONP à l’Ecole d’Architecture de La Villette.

Votre première expérience professionnelle dans la tech ?

J’ai pris mon premier poste en 2013 dans la tech en tant que chargée de mission éco-innovation chez Saint-Gobain lorsque je
finalisais mon diplôme d’architecte à l’Ecole de
la Villette. Je travaillais alors pour la direction
de la recherche et de l’innovation du groupe, et
naviguais entre différents centres de recherche
en France et à l’international pour aider des
équipes d’étudiants de la compétition du Solar
Decathlon à construire des maisons
bioclimatiques. Ce fut une expérience
formidable, entre la recherche appliquée des
matériaux de construction et leurs applications
dans une démarche environnementale
innovante.

Que faites-vous aujourd’hui et pourquoi ?

Après avoir exercé en tant qu’ingénieure
structure spécialisée dans les conceptions
innovantes et les géométries complexes chez
Setec à Paris puis dans un bureau d’études à
Londres, j’ai décidé de franchir le pas en
exerçant en tant qu’architecte. J’ai pour cela
rejoint l’agence Renzo Piano Building Workshop
basée à Paris dont je suis aujourd’hui architecte
associée. J’avais en effet envie avant tout de
concevoir à part entière et non plus d’être dans
une posture de consultante sur les projets
auxquels je participais. Par ailleurs la
philosophie prônée par l’agence de Renzo Piano
correspondait à mon idéal d’une architecture
mettant la technique à l’honneur dans chacun
des projets développés.

Vos atouts pour ce poste ?

Le métier d’architecte s’apparente pour
beaucoup à celui d’un chef d’orchestre en ceci
que celui-ci doit coordonner toutes les
contraintes d’un projet avec une multitude
d’intervenants pour créer une œuvre bâtie
harmonieuse et pérenne. La très grande
diversité des enseignements lors de mon cursus
ingénieur a renforcé mon goût pour explorer
chaque nouveau défi avec une approche multicritère et paramétrique où toutes les
composantes sont dans la mesure du possible
intégrées au projet final construit (histoire,
contexte socio-économique local,
environnement naturel, économie, programme
complexe …). Mon profil hybride me permet en
effet de dialoguer avec aisance et pertinence
sur toutes les dimensions du projet, et ce, avec
tous mes interlocuteurs et sur des sujets aussi
bien purement architecturaux que techniques
comme la structure, les fluides, l’acoustique, la
thermique, les matériaux innovants.

Vos défis passés, vos ratés, vos grands moments de solitude ?

Il n’est pas toujours facile de conjuguer les voyages professionnels réguliers à l’étranger et
les allers retours sur chantier tout en étant
enceinte de 8 mois… J’ai parfois poussé
l’exercice assez loin. Et ceci très souvent dans
des contextes exclusivement masculins où
j’étais non seulement la seule femme mais
également la plus jeune.

Vos meilleurs moments, les succès dont vous êtes fière ?

Voir un bâtiment sur lequel j’ai travaillé enfin
achevé et apprécié par les usagers est un
immense bonheur. J’ai par exemple pris part à
l’aventure du nouveau Palais de Justice de Paris
dont j’ai assuré le suivi de chantier de tous les
corps d’état intérieurs de l’immeuble de grande
hauteur pendant deux années et son ouverture
au public a été particulièrement signifiante pour
moi. Plus récemment un bâtiment de bureaux à
la sortie de la gare de Paddington dont j’ai
conçu la façade est sur le point d’être livré et
cela fait très plaisir de voir mes dessins se
matérialiser au centre de Londres !

Des personnes qui vous ont aidée/marquée ou au contraire rendu la vie difficile ?

Beaucoup de professeurs bienveillants lors de
mon parcours académique, qui m’ont inspirée,
guidée et parfois donné des ailes. Les nombreux
collègues passionnants rencontrés au cours de
mes différentes expériences professionnelles.
Mes amis, ma famille, soutiens indéfectibles !

Vos envies et défis à venir ?

Après bientôt huit ans de collaboration chez
Renzo Piano Building Workshop j’aimerais
maintenant fonder ma propre agence pour
signer mes propres projets d’architecture.  
J’aimerais également m’engager encore
davantage de façon à ce que ma pratique
d’architecte ingénieure contribue activement à
limiter et mitiger l’impact du dérèglement
climatique.

Et que faites-vous en dehors de votre travail ?

J’aime énormément lire, danser et les sports de
montagne. Je suis également maman de deux
petites filles de 1 an et 3 ans, les voir grandir et
les guider pour s’épanouir m’occupe
pleinement !

Vos héroïnes (héros) de fiction, ou dans l’histoire ?

Toutes les femmes qui ont réussi à faire
entendre leur voix ou à se créer une place pour
exercer leur passion. Camille Claudel, Olympe
de Gouges, Marie Curie, Simone Veil et tant
d’autres !

Votre devise favorite ?

« Celui qui n’a jamais commis d’erreur n’a
jamais tenté d’innover. »
Albert Einstein

Un livre à emporter sur une île déserte ?

Très difficile de choisir… je partirais sans doute
avec une malle remplie de livres

Un message ou un conseil aux jeunes femmes ?

Ne jamais se laisser guider par la peur mais par
ses passions !
Toujours oser essayer !

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749