BRÈVE DE L’ACADÉMIE DES TECHNOLOGIES
SORTIR DE LA DÉPENDANCE AUX ÉNERGIES FOSSILES RUSSES
L’Europe et la Russie ont choisi, par défaut, d’être mutuellement très dépendantes en matière d’énergies fossiles. C’est en pariant sur l’équilibre qui devait résulter de cette dépendance mutuelle – l’Europe a besoin des hydrocarbures russes ; les Russes ont besoin de vendre leurs hydrocarbures à l’Europe – que celle-ci, plus ou moins consciemment, a accepté cette dépendance. Les traités européens et les plans énergétiques successifs de la Commission ne se fixent aucun objectif d’autonomie énergétique et celle-ci s’est régulièrement dégradée au fil des années. Le seul objectif est celui de la sécurité d’approvisionnement, et il était acquis que la Russie était dépendante et donc fiable, et contribuait à la sécurité d’approvisionnement.
La brutale guerre d’Ukraine – précédée par l’annexion de la Crimée en 2014 qui n’avait pas conduit l’Europe à s’interroger sur sa dépendance énergétique – vient fondamentalement remettre en cause la stratégie européenne, au moins pour les prochaines décennies. Il y a urgence à réagir ; c’est ce que l’Union européenne a commencé à faire lors du sommet de Versailles des 10 et 11 mars 2022. Le Conseil européen débattra à nouveau des propositions de la Commission lors de ses réunions des 24-25 mars et des 23-24 juin 2022.
Au cœur de la réflexion se situe la sortie des hydrocarbures russes, soit parce que les européens souhaitent sanctionner la Russie, soit que la Russie en représailles des sanctions déjà subies décide de réduire fortement voire d’assécher ses livraisons vers l’Europe.
Sans discuter des mécanismes complexes de sanctions et contre-sanctions, avec leurs échappatoires éventuelles, l’Académie des technologies aborde dans cette brève la question unique : comment réduire la dépendance européenne aux hydrocarbures russes ?
A long terme, la stratégie européenne prévoit de sortir de tous les hydrocarbures en 2050, dont évidemment des hydrocarbures russes. Et les mesures Fit-for-55 annoncées par la Commission le 14 juillet 2021 visent à réduire les émissions européennes de CO2 de 55% en 2030 par rapport à 1990. Mais peut-on aller plus vite : que faire à court terme ; comment préparer l’hiver prochain ? Et la brutalité de la crise actuelle pose-t-elle des questions sur la politique de moyen terme ?
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(Illustration : ©Photocreo Bednarek – stock.adobe.com)