Les industries alimentaires représentent un maillon du système alimentaire qui s’étend des productions agricoles jusqu’aux étapes de consommation . Ces industries, qui convertissent les matières premières brutes en denrées alimentaires, mettent en oeuvre des procédés de transformation et d’assemblage pour aboutir à des aliments de propriétés constantes . Elles occupent en France la première place industrielle en termes d’emplois et de chiffre d’affaires .
Elles sont constituées de quelques groupes de dimension internationale et, surtout, de milliers de PME et de TPE qui tentent de prendre en compte des critères multiples pour produire des aliments attractifs, sûrs et bons pour la santé par des procédés respectueux de l’environnement.
Les industries alimentaires françaises sont confrontées à deux défis :
- alors que la qualité des produits d’origine française est reconnue à l’étranger, la compétitivité économique du secteur s’érode progressivement (le solde commercial des échanges à l’intérieur de l’Europe , largement positif il y a quelques années , est devenu négatif depuis 2018) ;
- le secteur doit répondre à une demande diversifiée et évolutive de consommateurs exigeants tout en rétablissant la confiance auprès de ces usagers qui s’interrogent sur les qualités nutritionnelles et les impacts sur la santé des produits « industriels » .
Nos industries alimentaires nationales doivent donc améliorer leurs procédés et leurs produits en intégrant le contexte de différentes transitions (numérique , écologique) et de différentes crises (climatique, nutritionnelle : surpoids/obésité) auxquelles nos sociétés sont confrontées.
L’Académie des technologies, forte de sa pluridisciplinarité et répondant à sa vocation d’information sur les forces et faiblesses des nouvelles technologies, a analysé comment la transition numérique pouvait, dans le cas des industries alimentaires, favoriser l’innovation, aider à mieux répondre aux demandes des consommateurs et améliorer leur compétitivité.
Ce rapport présente tout d’abord les mutations actuelles des comportements alimentaires et les caractéristiques générales du domaine industriel considéré , interface essentielle entre agriculteurs et consommateurs . Il souligne ensuite que le préalable à un usage optimisé du numérique réside dans la collecte , la hiérarchisation et la valorisation des mégadonnées (ou big data) . Ce rapport recense ainsi les différentes bases de données existantes ou en cours de constitution sur la composition des aliments , leur qualité nutritionnelle , leurs impacts environnementaux , etc . et souligne que les industries alimentaires doivent progresser dans la maîtrise de leurs données.
Il est donc nécessaire de diffuser dans le secteur la culture correspondante. Le traitement des données par les technologies d’apprentissage associées à l’intelligence artificielle permettra ainsi de mieux caractériser les produits commercialisés, mais aussi , de façon prospective , de concevoir des modèles prédictifs d’optimisation des produits et des chaînes de fabrication , aspects qui sont détaillés dans plusieurs chapitres spécifiques du rapport :
- conception et composition des aliments ;
- fonctionnement des usines responsables de la production ;
- réduction des impacts environnementaux de la filière ;
- relations avec les acteurs du système alimentaire et , en particulier , les consommateurs (transparence , traçabilité) ;
- mise au point de nouveaux services alimentaires .
Ce panorama présente des exemples concrets de réalisations et identifie des voies de développement pour lesquelles un travail considérable doit être encore mené dans les filières traditionnelles ou émergentes .
L’exploitation du numérique et des données multiples constitue une stratégie unique et efficace pour la résolution des problèmes complexes qui sont associés à l’alimentation. Elle permet, en particulier, une approche systémique de toute la chaîne agroalimentaire.
Il ne faut cependant pas attendre de miracles des seules données. Les progrès passeront par l’implication d’esprits préparés , d’où les importants besoins de formation et d’approches combinatoires associant les propositions issues des algorithmes d’exploitation des données aux modèles plus traditionnels et aux connaissances empiriques des opérateurs .
De nombreuses recommandations sont associées aux différents chapitres pour concrétiser un basculement numérique au sein des entreprises. S’approprier les technologies numériques pour mieux concevoir, contrôler et distribuer les aliments répondant aux demandes des consommateurs selon des procédés à faibles impacts environnementaux représente une impérieuse nécessité et une grande ambition que les pouvoirs publics doivent accompagner . Cette industrie doit s’engager dans cette voie de façon volontariste pour améliorer sa compétitivité et optimiser les pratiques d’un secteur dont les retombées sur la société sont multiples.